Soutenance de thèse / Alicia BLANCHI (4 mars 2025)
Alicia BLANCHI soutiendra sa thèse de doctorat le mardi 4 mars 2025, à 14h, à l’IMREDD (Institut méditerranéen du risque de l’environnement et du développement durable), Université Côte d’Azur, Learning Center, 9 Rue Julien Lauprêtre, 06200 Nice.
Les Représentations Socio-Spatiales des espaces métropolitains à travers les annonces immobilières géolocalisées
Le cas de la Côte d’Azur par une démarche d’analyse spatiale
Ce travail a été réalisé sous la direction de Giovanni Fusco (Directeur de Recherche CNRS, UMR 7300 ESPACE) et de Karine Emsellem (Maîtresse de Conférences, Université Côte d’Azur, UMR 7300 ESPACE).
Le jury sera composé de :
- Samuel CARPENTIER-POSTEL, Professeur des universités, Université de Franche-Comté, Laboratoire THéMA
- Pierre DIAS, Chargé de recherche, Université Gustave Eiffel, CFR/AME, Laboratoire MODIS
- Karine EMSELLEM, Maîtresse de conférences, Université Côte d’Azur, Laboratoire ESPACE, Co-encadrante
- Giovanni FUSCO, Directeur de recherche, CNRS, Laboratoire ESPACE, Directeur de thèse
- France GUERIN-PACE, Directrice de recherche, INED
- Ludovic MONCLA, Associate Professor, Université de Lyon, INSA Lyon, Laboratoire LIRIS
- Andréa TETTAMANZI (invité), Professeur des universités, Université Côte d’Azur, Laboratoire I3S, INRIA
Résumé :
Cette thèse de géographie s’intéresse aux espaces urbains dans un contexte métropolitain, en se focalisant sur leurs Représentations Socio-Spatiales (RSS), à travers une approche de géographie quantitative.
Les RSS, phénomènes spatiaux intersubjectifs, c’est-à-dire partagés par l’ensemble d’une population, reflètent des connotations et des caractéristiques socio-spatiales ou des activités qui se déroulent dans les lieux de la ville. Les RSS témoignent, accompagnent, et nourrissent les transformations métropolitaines et sont des clés de compréhension des espaces urbains, notamment sur la Côte d’Azur, dont les villes ont été façonnées et marquées au fil des siècles par des représentations d’espaces résidentiels et touristiques.
Les annonces immobilières géolocalisées offrent l’opportunité d’analyser les espaces métropolitains. Les toponymes, éléments centraux dans la compréhension des RSS et de leurs dynamiques, sont omniprésents dans les annonces. Les annonceurs, dans leurs discours, décrivent et valorisent l’environnement en localisant les biens, en le situant dans un toponyme précis, connu des lecteurs, et en révélant également leurs caractéristiques socio-spatiales, minutieusement choisies, pour attirer une population cible. Les annonces immobilières sont donc des données géo-textuelles, reflétant les RSS de leurs lecteurs, tout en gardant des spécificités liées à leur objectif de marketing, et elles peuvent être analysées dans l’espace sémantique et géographique.
L’objectif de cette thèse est de détecter et analyser les RSS socio-spatiales des espaces urbains résidentiels de la Côte d’Azur par l’intermédiaire des contenus d’annonces immobilières.
La première partie expose les fondements scientifiques de la recherche à savoir comment renouveler la connaissance des RSS à travers les données numériques géo-textuelles que sont les annonces immobilières.
La seconde partie de la thèse présente une méthodologie visant à extraire et à analyser spatialement et textuellement les informations géographiques contenues dans les annonces pour révéler les RSS sous- jacentes des villes azuréennes.
Les méthodes classiques de traitements textuels ne suffisent pas à mettre en lumière ces RSS, car les informations relatives à l’environnement du bien ne représentent qu’une petite portion du texte des annonces. Un protocole a donc été développé, basé sur des techniques de traitement du langage naturel, pour extraire les toponymes et leur contexte socio-spatial. Ce protocole s’appuie sur l’extraction d’entités nommées et de relations qui font écho à toutes les informations géographiques : les toponymes, les entités géographiques, les entités spatio-temporelles, les modes de déplacement, les attributs des lieux et leurs liens mis en évidence par les dépendances grammaticales.
Ces informations géographiques géolocalisées servent ensuite de point de départ pour une analyse spatiale de leur contenu. Chaque information géographique correspond à un usage spécifique des lieux, notamment, souligné par les relations spatiales (situation, visibilité, proximité).
De là, dans la troisième partie, nous proposons d’analyser les toponymes dans l’espace géographique et textuel, en prenant en compte leur contexte et les caractéristiques socio-spatiales associées.
Tout d’abord, l’analyse se concentre sur la spatialisation des toponymes des villes azuréennes, en utilisant l’analyse spatiale sur réseau, et plus particulièrement, les densités de Kernel enrichies par la théorie des ensembles flous. Cette approche permet de produire, pour chaque toponyme, un espace noyau, où l’utilisation du toponyme est dominante, et un espace support où son utilisation est plus contrastée.
Le paysage toponymique produit montre qu’il existe des espaces partagés par différents toponymes (coprésence spatiale de toponymes). Cela soulève la question des asymétries spatiales et des rapports de force des toponymes dans l’espace au regard de la valorisation résidentielle et aboutit à une hiérarchie entre les toponymes voisins.
La thèse se poursuit avec la caractérisation de ces espaces toponymiques par l’application de statistiques textuelles sur les caractéristiques socio-spatiales (attributs, facteurs de localisation et visibilité) associées à chaque toponyme dans l’espace sémantique et géographique pour faire émerger leur RSS.
Une analyse factorielle des correspondances (AFC) a été appliquée, détectant les principaux axes structurants les RSS dans chaque ville azuréenne. Cela a permis de distinguer des oppositions entre les espaces collinaires et résidentiels et les espaces de la ville dense, qui s’articule à son tour dans des espaces de centralité et d’autres historiques et touristiques.
Sur la base de ces axes, une typologie imbriquée des RSS a été élaborée pour chaque ville, regroupant les toponymes similaires en termes de RSS. Chaque regroupement a été étiqueté selon ses caractéristiques socio-spatiales, en termes d’attributs, d’éléments visibles et de facteurs de localisation. Ces regroupements offrent une compréhension des convergences et divergences dans la valorisation résidentielle des toponymes azuréens.
En conclusion, cette thèse aboutit à une mise en lumière des RSS qui façonnent la Côte d’Azur contemporaine. Les résultats ont montré que la métropole azuréenne est segmentée par des RSS contrastées et distinctives qui restent, néanmoins, souvent partagées par les villes littorales de Nice, Antibes et Cannes. Les espaces urbains collinaires sont fortement marqués par leur topographie singulière, leur vue et leur image résidentielle. La valorisation résidentielle et touristique de la vieille ville de Grasse semble défaillante, surtout si elle est comparée à celle des villes littorales. D’autres espaces dynamiques et centraux sont identifiés dans les villes littorales, ainsi que des espaces à distinction sédimentée parfois collinaires comme Cimiez à Nice, ou Californie à Cannes, parfois bénéficiant d’une centralité littorale comme la Promenade des Anglais à Nice ou la Croisette à Cannes. Une image d’espaces proches des commodités pratiques sans distinction particulière semble caractériser les espaces résidentiels plus populaires.
Le renouvellement des approches d’appréhension des RSS par l’analyse spatiale et textuelle des annonces immobilières et les résultats obtenus quant à leur lecture ouvrent de nombreuses perspectives pour la recherche urbaine, notamment en termes d’application à différentes échelles spatiales, ou de possibilités d’étendre à d’autres corpus d’annonces immobilières, de mise en évidence de liens avec les caractéristiques objectives du territoire, et d’améliorations méthodologiques, qui sont développées dans la dernière partie du manuscrit.
Mots-clés :
représentation socio-spatiale, Toponyme, Espace urbain, Côte d’Azur, Annonce immobilière, Analyse spatiale, Traitement du langage naturel

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Nathalie Brachet (24 février 2025). Soutenance de thèse / Alicia BLANCHI (4 mars 2025). Carnet de recherche de l'UMR ESPACE. Consulté le 30 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13eio