Yves Pellequer, collaborateur exemplaire de la recherche scientifique (1983-2024) au Mont Lozère.

Yves vient de nous quitter et la collaboration entamée il y a plus de 40 ans avec l’équipe de l’implantation cévenole de l’UMR CNRS 7300 ESPACE se termine brutalement.

Rencontré un jour de tourmente en novembre 1983, sur le lieu qui devait devenir la station météo de La Vialasse, Yves s’est immédiatement montré intéressé par les travaux de l’UMR ESPACE qui visent à décrypter, sur la base d’observations et de mesures, les dynamiques météorologiques et biogéographiques du Mont Lozère.

Appuyé par le Parc National des Cévennes, le paysan coutelier s’est alors mué en observateur météo avisé, une démarche de sciences citoyennes avant l’heure. Ainsi, il a chaque soir parcouru les 200 mètres le séparant de la station de mesure pour effectuer ses observations et rendre une image objective de l’état du ciel, parfois dans des conditions dantesques sous la pluie, le vent et la neige. Il endossait alors sa tenue de trappeur canadien, pays où il avait vécu, ses raquettes et allumait la lampe du hameau. Infatigable conteur, il restituait avec finesse la vie sur le plateau, et a très tôt perçu le changement se profilant sur la ressource en eau à travers la raréfaction de la neige, la disparition des grenouilles et le tarissement de sa source.

Au final, ce sont quarante années d’observations météorologiques de première main, consignées dans nombre d’annuaires, qu’Yves nous lègue : mesures de précipitations, températures de l’air, insolation, vitesse du vent, sans compter ses observations phénologiques autour de la Vialasse (dates de l’apparition du premier crocus, du débourrage du hêtre,…). Autant de données qui permettent de caractériser le changement climatique du Mont Lozère, avec par exemple le réchauffement sur le plateau et la diminution importante de la neige, et ses impacts comme l’avancée du printemps. Avec le décès d’Yves, l’observatoire du Mont Lozère, sur lequel des recherches sont menées par des équipes françaises et internationales, perd une personne essentielle pour les observations météorologiques et phénologiques, ainsi qu’un collaborateur d’une grande humanité.